Les émotions influencent notre état de santé
Publié le 26 octobre 2022
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L’impact des émotions sur notre santé a très souvent été étudié, notamment pour tenter de répondre à la question de savoir si le mental influe la guérison des patients malades. Mais les émotions ont également un impact sur les personnes qui ne sont pas (encore) malades.
Le système immunitaire est capable d’apprendre
Le système immunitaire a pour mission de protéger l’organisme contre des envahisseurs étrangers ou dangereux tels des bactéries, virus, parasites, cellules cancéreuses entre autre[1]Présentation du système immunitaire. Pour ce faire, il est notamment constitué de cellules immunitaires qui circulent dans le sang à travers tout le corps et sont en contact avec pratiquement toutes les cellules.
Pour protéger notre organisme, le système immunitaire doit être capable de distinguer les cellules appartenant au corps (qu’il doit laisser en paix) des étrangères (qu’il doit attaquer). Il participe ainsi à définir notre propre identité en distinguant le « soi » du « non-soi ».
Alors que l’on imaginait jusque là que seuls le cerveau et le système nerveux pouvaient modifier leur comportement en fonction de l’expérience, une découverte effectuée en 1974 par le psychologue Robert Adler redistribua les cartes : en effectuant des recherches sur des rats, il constata que leur système immunitaire était capable de s’adapter, d’apprendre et de réagir face aux émotions. Sa performance est ainsi corrélée avec notre état émotionnel.
Impact des émotions négatives
De nombreuses études le démontrent : les émotions négatives nuisent à la santé[2]Goleman,D., L’intelligence émotionnelle, Robert Laffont, Paris, 1998, p. 169 et s..
- elles affaiblissent le système immunitaire
- le stress augmentant la tension, il influe sur les risques cardiovasculaires mais aussi sur les risques de saignement excessif, notamment lors d’une intervention chirurgicale
- le risque de maladies telles asthme, arthrite, maux de tête, ulcères d’estomac et maladies cardiaques est deux fois plus important chez les personnes connaissant une anxiété chronique ou de longues périodes de tristesse
- les émotions négatives sont considérées comme un facteur de risque analogue au tabagisme ou un taux de cholestérol élevé pour les maladies cardiovasculaires
- un tempérament colérique prédispose davantage à une mort précoce que d’autres facteurs de risque comme le tabac, l’hypertension ou un mauvais taux de cholestérol
- chez les personnes ayant déjà subi une crise cardiaque, le risque de mourir d’un arrêt du cœur est trois plus important chez les patients les plus irritables que ceux au tempérament le plus calme
- le stress altère la fonction immunitaire, augmente la vulnérabilité aux infections virales, exacerbe la formation de caillots de sang conduisant à l’infarctus du myocarde, accélère l’apparition d’un diabète précoce et aggrave ou déclenche des crises d’asthme.
- les personnes affirmant avoir subi au cours des 10 dernières années une détérioration de leurs conditions de travail présentent un risque de cancer cinq fois et demi plus important que les autres.
- la dépression aggrave toutes les maladies déjà déclarées, notamment parce que les patients sont moins enclins à suivre les prescriptions médicales et que la dépression exacerbe les maladies cardiaques
- il a été prouvé que la dépression ralentit la guérison de fractures.
Les émotions et facteurs protecteurs
Si les émotions négatives ont un impact négatif sur notre santé, l’inverse est tout aussi vrai : l’optimisme possède un pouvoir curatif.
Une étude a ainsi été réalisée sur 112 hommes ayant eu une crise cardiaque. Leur degré d’optimisme et pessimisme a été évalué et a permis de constater que, huit ans après leur crise cardiaque, 21 des 25 plus pessimistes étaient décédés pour seulement 8 des 25 plus optimistes. Le même type d’étude réalisée sur des patients ayant subi un pontage a démonté que les plus optimistes se rétablissent plus vite et souffrent moins de complication.
L’attitude mentale prédispose donc plus la survie que des facteurs strictement médicaux. C’est d’autant plus vrai qu’il est avéré que les pessimistes prennent moins soin d’eux-mêmes que les optimistes.
Les émotions ayant un rôle décisif sur notre santé, il paraît indubitable que l’intelligence émotionnelle impacte également notre santé. On sait déjà que plus une personne a une IE élevée et plus elle se sent heureuse, ce qui a un impact positif sur le risque de burn-out, de dépression ou de troubles anxieux par exemple. Une étude de l’Université de Louvain-la-Neuve[3]https://uclouvain.be/fr/sciencetoday/actualites/a-la-sante-de-nos-emotions.html réalisée en 2016 auprès de 10.000 belges a ainsi démontré que l’intelligence émotionnelle avait un impact positif sur la santé puisque ceux disposant d’une plus grande IE :
- consomment 128 doses de médicaments en moins,
- coûtent en moyenne 361 € en moins à sa mutuelle,
- passent une demi-journée de moins à l’hôpital.
Les liens affectifs constituent des facteurs de protection contre la maladie ou de favorisation de la guérison : le sentiment d’avoir des gens vers qui se tourner ou à qui parler protège contre le stress.
Une étude réalisée par le psychologue James Pennebaker a également démontré que partager les moments difficiles ou ses émotions négatives avec quelqu’un améliore la fonction immunitaire et même la fonction enzymatique du foie. Une autre étude menée par le Dr David Spiegel a démontré que les femmes souffrant d’un cancer avancé du sein qui participaient à un groupe de discussion avec les autres survivaient deux fois plus longtemps que celles affrontant la maladie seules.
Développer son intelligence émotionnelle est donc susceptible d’avoir un effet bénéfique tant sur la santé mentale que la santé physique.
Références