Saviez-vous que

Nous sommes génétiquement programmés pour éprouver de l’empathie

Publié le 3 octobre 2022
  • Expérience
  • Neurosciences

Qu’est-ce que l’empathie ?

L’empathie est la capacité à comprendre ce que ressentent les autres. En intelligence émotionnelle, l’empathie ressort du concept de conscience sociale et donc de l’aptitude qu’à l’être humain à détecter les émotions d’autrui, les comprendre et y réagir. Evidemment, l’empathie repose également sur notre conscience de soi : plus nous sommes sensibles à nos propres émotions, mieux nous réussissons à déchiffrer celles des autres.

Faire preuve d’empathie, c’est nécessairement être capable de déchiffrer les signaux non verbaux puisque l’essentiel de notre communication passe par ce canal et que la plupart des gens expriment rarement leurs émotions par des paroles. Pouvoir effectuer ce déchiffrage permet entre autre de mieux adapter ses émotions à une situation donnée, de mieux se faire aimer des autres et d’être généralement plus ouvert et plus sensible.

L’absence d’empathie est quant à elle un des traits constitutifs des personnalités antisociales et psychopathiques.

Les tests effectués sur plus de 1000 enfants ont démontré que ceux qui témoignaient d’une aptitude à déchiffrer les sentiments grâce à des signes non verbaux étaient parmi les plus aimés dans leur école et les plus stables psychologiquement.

Robert ROSENTHAL[1]célèbre psychologue de Harvard et auteur de la non moins célèbre étude ayant démontré ce qu’il a appelé « l’effet pygmalion ». Il a également été l’auteur d’un … Continue reading

L’empathie chez les primates

La psychiatre Leslie Brothers a effectué, en 1983, un passage en revue des études scientifiques liées à la neurologie de l’empathie. Elle a à cette occasion découvert que l’amygdale et ses connexions avec l’aire d’association du cortex visuel faisaient partie du principal circuit cérébral responsable de l’empathie.

Une étude dont elle fait le relais a ainsi mis en évidence que les primates manifestent de l’empathie avec leurs congénères. Est ainsi constaté que lorsque des singes sont conditionnés à craindre un signal sonore en l’associant à une décharge électrique, ils craignent également le choc électrique que va subir un autre singe en détectant celui-ci par la simple expression de la peur sur son visage (via un circuit télévisé en l’occurrence). Plus marquant encore, ces singes vont poser des actes d’empathie ou d’altruisme en appuyant sur un levier permettant d’empêcher la décharge électrique chez leur congénère.

En poursuivant leurs recherches via l’introduction d’électrodes dans le cerveau des singes, les chercheurs ont également démontré qu’un réseaux neuronal du cortex visuel s’active exclusivement en d’expressions faciales ou gestes spécifiques tels une grimace menaçante ou effrayante ou une posture de soumission.

Cela semble démontrer que le cerveau a été conçu pour réagir à l’expression des émotions[2]Daniel GOLEMAN, l’Intelligence émotionnelle, Paris, 1995, p.109.

L’empathie est une donnée biologique

Daniel goleman

Une autre expérience réalisée chez des singes a également démontré le rôle décisif de la voie amygdale-cortex dans le déchiffrage des émotions et l’empathie. Il s’agit de recherches effectuées chez des singes chez qui la connexion entre les deux a été sectionnée et qui a constaté que ces singes, une fois qu’ils ont rejoint leur bande, se sont montrés incapable de réagir aux comportements de leur congénère tout en restant pourtant capable de vaquer à leurs autres occupations habituelles. Même lorsqu’un autre singe les abordait de manière amicale, ils fuyaient et se sont ainsi retrouvés complètement isolés du reste du groupe.

Les sources de l’empathie chez l’Homme

Les sources de l’empathie remontent à la petit enfance : pratiquement dès leur naissance, les bébés ont de la peine quand ils entendent un autre bébé pleurer. Etonnamment, avant même d’être simplement conscient du fait qu’ils existent indépendamment des autres, les bébés souffrent par empathie : ils fondent en larme par exemple quand un proche éprouve de la tristesse comme s’ils éprouvaient eux-mêmes le sentiment.

Vers l’âge d’un an, les enfants intègrent le fait que ces souffrances ne sont pas les leurs et tentent entre autre de consoler un autre enfant. Les mamans constatent par exemple qu’il n’est pas rare que leur enfant s’essuie les yeux lorsque ce sont elles qui pleurent. C’est d’ailleurs pour décrire ce comportement de mimétisme moteur que le terme d’empathie lui-même a été inventé dans les années vingt.

Ce mimétisme moteur disparaît vers 2 ans et demi chez l’enfant, moment où il comprend que la douleur des autres est différente de la leur. A ce stade, les enfants commencent à se différencier par leur tendance plus ou moins marqué à l’empathie et leur sensibilité aux émotions des autres. Les études démontrent à cet égard que cette tendance à l’empathie est en grande partie liée à l’éducation donnée par les parents : les enfants sont plus empathiques lorsque les parents attirent leur attention sur les conséquences de leur conduite sur les autres.

Il apparaît par ailleurs que le développement de l’empathie est intimement lié au phénomène d’harmonisation, c’est-à-dire les moments d’échanges répétés et imperceptibles entre parents en enfants durant lesquels les émotions sont transmises , accueillies et « payées » en retour. Ces instants d’harmonie ou au contraire de déphasage détermineront la façon dont les enfants devenus adultes envisageront les relations affectives avec leurs proches.

Le prix à payer pour un manque d’harmonie affective pendant l’enfance peut être exorbitant

Daniel goleman

Des études effectuées par le psychiatre Daniel Stern ont ainsi mis en évidence que l’absence prolongée d’harmonie entre parents et enfants ébranle profondément l’enfant du point de vue affectif et crée chez lui désarroi et chagrin. Lorsqu’un parent ne manifeste pas la moindre empathie envers telle ou telle manifestation d’émotion chez l’enfant, que ce soit une émotions positive ou négative, ce dernier commence à éviter d’exprimer cette émotion et peut même finir par ne plus la ressentir. L’enfant peut même préférer certains sentiments négatifs lorsque ceux-ci amènent une réponse de leur entourage plutôt que d’autres.

Références[+]